Le régime malthusien : stagnation économique et démographique

 

Pendant des milliers d'années, les êtres humains étaient soumis à une lutte permanente pour la survie. Malthus (1798) désignait la survie comme « a perpetual struggle for room and food ». Les revenus engendrés par les progrès technologiques et l'exploitation de nouvelles terres agricoles n'avaient comme conséquence que l'augmentation de la taille de la population et un effet mineur sur le revenu par tête. Ce qui fait dire à Adam Smith (1776) : «the most decisive mark of prosperity of any country is the increase in the number of its inhabitants ».

 

C'est pourquoi les historiens utiliseront les données sur la population pour estimer le niveau de vie de cette population. En effet, l'augmentation de la taille de la population à certaines périodes est le témoignage d'une certaine croissance économique.

 

Le mécanisme malthusien est alors le suivant : toute amélioration du niveau de vie (= augmentation du revenu par habitant) a un effet positif sur la croissance de la population. Cette croissance de la population a alors deux effets négatifs sur cette augmentation du revenu. Le premier effet est l'absorption de ce supplément de revenu pour nourrir le supplément de population. Le deuxième effet est l'augmentation de la quantité de force de travail réduisant la productivité du travail en l’absence de progrès technologique significatif. Cette réduction de la productivité du travail entraîne une diminution des salaires, ayant un effet négatif sur le niveau de vie de chaque personne. À son tour, la réduction du niveau de vie a des effets négatifs sur la croissance démographique ramenant la population à son niveau d’avant.

 

Conclusion : toute augmentation du revenu par habitant au-dessus du niveau de subsistance est totalement éliminée par ses conséquences démographiques ramenant le revenu à son niveau de subsistance. Enfin, le revenu par habitant, proche du niveau de subsistance, ne permet pas à la population de croître.

 

C'est la raison pour laquelle le taux de croissance économique dans le régime malthusien est peu différent de zéro. Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de phases de croissance et même de déclin, mais ces phases sont temporaires. Sur la longue durée, le taux de croissance économique dans le régime malthusien est proche de zéro.

 

On observe ce régime malthusien sous toutes les latitudes.

 

Compte tenu du mécanisme à l'oeuvre dans le régime malthusien, on observe des fluctuations de revenu et de population dues aux aléas environnementaux, climatiques et aux phases irrégulières du progrès technologique. C'est une période pendant laquelle on observe des cycles économiques sans tendance positive ou négative de long terme.

Malthus avait bien compris ce mécanisme à l'oeuvre. C'est pourquoi il était très pessimiste sur les perspectives d'amélioration du niveau de vie des gens. Selon lui, la croissance démographique était un frein au développement économique.

Bibliographie :

Clark, Gregory (2007) A Farewell to Alms: A Brief Economic History of the World, Princeton University Press.

Malthus, Thomas R. (1798) An Essay on the Principle of Population, London.

Smith, Adam (1776) An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations, W. Strahan and T. Cadell, London.