Section 3 : Produit intérieur brut (PIB)

 

3.1 Définition

Le produit intérieur brut (PIB) [Gross Domestic Product (GDP)] est une mesure (= un nombre) de la production totale en valeur réalisée sur un territoire donné (ville, région, pays, zone euro...) pendant une période donnée (généralement le trimestre ou l'année) par les agents économiques résidant sur ce territoire.

Cette mesure ne s'obtient pas directement (les régions ou les pays ne sont pas des agents économiques) mais par composition des productions réalisées par tous les agents économiques résidents (firmes, administrations publiques, ONG et ménages). On dit que le PIB est un aggrégat économique.

Dans notre système économique, les biens et services produits sont vendus sur le marché et ainsi engendrent un flux monétaire de dépenses provenant des acheteurs vers les producteurs. Ce flux monétaire est à son tour utilisé par les producteurs pour rémunérer les facteurs de production (travail et capital) constituant ainsi un flux monétaire de revenus. Ces deux flux forment un circuit économique: tout bien ou service produit donne lieu mécaniquement à un flux de revenus et à un flux de dépenses. Par conséquent, la valeur de la production doit être égale à la valeur des dépenses qui doit être égale à la valeur des revenus. Ainsi, le PIB peut être défini selon trois optiques (production, dépenses et revenus) et mesuré par les comptables nationaux selon ces trois optiques.

Définition du PIB selon l'optique de la production : le PIB est la somme des valeurs ajoutées sur un territoire donné pendant une période donnée.

Définition du PIB selon l'optique des dépenses : le PIB est la valeur marchande des dépenses en biens et services finals produits sur un territoire donné pendant une période donnée.

Définition du PIB selon l'optique des revenus : le PIB est la somme des revenus distribués aux facteurs de production pendant une période donnée.

 

Pour l'analyse économique, il est bon de distinguer deux indicateurs:

- PIB total : indicateur de l'activité économique d'un pays.

 

- PIB par habitant : indicateur du niveau de vie matérielle d’un pays (donne une valeur indicative de son pouvoir d'achat).

 

3.2 Mesure du PIB

Comme on vient de le souligner, il y a trois optiques par lesquelles on peut mesurer le PIB: l'optique de la production, l'optique des dépenses et l'optique des revenus. Dans la pratique, les comptables nationaux calculent le PIB généralement selon l'optique des dépenses.

 

- De la valeur ajoutée au PIB: l'optique de la production

Selon cette optique, le PIB est la somme des valeurs ajoutées brutes de toutes les branches d’activité.

 

En fait, ce n’est pas tout à fait exact au niveau comptable. En effet, les comptables nationaux expriment le PIB aux prix d’acquisition [Purchasing price] où :

Prix d’acquisition = Prix de base + Impôts moins les subventions sur les B&S + Marges commerciales et de transport

Le prix d’acquisition est le prix que l’on paie lors d’un achat.

 

Or, comme on l’a vu au 2.2 de la Section 2, la valeur ajoutée brute est exprimée aux prix de base. Par conséquent, pour établir le PIB aux prix d’acquisition, on doit faire le calcul suivant :

 

PIB (aux prix d'acquisition)   =  Sommes des VAB de toutes les branches d'activité (aux prix de base)
        + Impôts sur les biens et services
         - Subventions sur les biens et services

C’est le calcul du PIB selon l’optique de la production. En effet, il est calculé à partir de la comptabilité ou de l’estimation des valeurs ajoutées par branches d'activités auxquelles on ajoute les impôts moins les subventions sur les biens et services pour établir l’évaluation de la production aux prix d’acquisition.

Cette optique permet d’évaluer l’offre globale d’une économie donnée. En termes comptables, l’offre globale est appelée « Ressources totales ».

 

- Le PIB selon l'optique des dépenses

La mesure du PIB que nous venons de détailler est le PIB selon ce que les comptables nationaux appellent l'optique de la production puisque cette mesure repose essentiellement sur l'offre de biens et services (« ressources »). Evidemment, chaque bien ou service vendu (= offert) par un producteur est nécessairement acheté (= demandé) par un consommateur intermédiaire ou final. Dans la comptabilité nationale, ces achats sont appelés « emplois ». Chaque « emploi » doit avoir une contrepartie « ressource » et réciproquement . Par conséquent, en termes comptables, les « ressources » totales de l’économie doivent être égales aux « emplois » totaux. En termes macroéconomiques, on dit que l’offre globale doit être égale à la demande globale. Cet équilibre macroéconomique ou égalité comptable n’est pas un résultat économique mais une identité comptable.

 

Les comptables nationaux compilent les données sous la forme de TRE ( tableaux ressources-emplois) [Supply-and-use tables]. (Pour comprendre la distinction entre TRE et TES (tableaux entrées-sorties) [Input-output tables], cliquez ici). Les tableaux ressources-emplois recensent l’origine des biens et services (ressources = offre) et la destination de ces biens et services (emplois = demande). Chaque catégorie de bien ou service est associée à une branche d’activité (ressource) et à une contrepartie « usage » (emploi).  L’identité comptable de l’économie nationale ou régionale s’écrit ainsi :

Ressources
=
Emplois

 

On décompose les ressources et emplois comme suit :

Production de toutes les branches d‘activité   Consommation intermédiaire
+ Importations
=
+ Consommation finale
+ Impôts sur les B&S   + FBCF + Variations des stocks
– Subventions sur les B&S   + Exportations

 

où : FBCF signifie : formation brut de capital fixe (= investissement)

Cette décomposition fait référence à la production totale par branche d'activité, c’est-à-dire que la valeur de la production comprend les consommations intermédiaires ainsi que lles marges commerciales et de transport. Les tableaux ressources-emplois décomposent aussi la production par groupe de produits. L’équilibre ressources-emplois s’écrit alors :

 

Production par groupe de produits   Consommation intermédiaire
+ Importations   + Consommation finale
+ Marges
=
+ FBCF
+ Impôts sur les B&S   + Variations des stocks
– Subventions sur les B&S   + Exportations

La différence entre les deux mesures est l'addition des marges à la production par groupe de produits.

A partir des TRE, on peut très facilement calculer le PIB. Si l'on choisit l'optique de la production comme précédemment, le calcul consiste à faire la somme des « ressources » à laquelle on retranche la consommation intermédiaire de la colonne « emplois ». Mais les TRE permettent aussi de calculer le PIB à partir des « emplois » et ainsi de donner une mesure du PIB selon l'optique des dépenses. Il s'agit simplement de soustraire la consommation intermédiaire à la somme des « emplois » :

 

PIB (aux prix d'acquisition)
=
Dépenses finales
Production de toutes les branches d’activité   Consommation finale
+ Impôts sur les B&S
=
+ FBCF
– Subventions sur les B&S   + Variations des stocks
Consommation intermédiaire   + Exportations – Importations

 

Bien évidemment, puisqu'on retranche la consommation intermédiaire des deux côtés de l'égalité Ressources/Emplois, l'égalité est maintenue. Cette identité comptable entre ressources et emplois permet de vérifier la cohérence des statistiques collectées sur les flux de biens et services qui proviennent de plusieurs sources et ainsi d'assurer l'égalité entre le PIB selon l'optique de la production et le PIB selon l'optique des dépenses.

 

- Le PIB selon l'optique des revenus

Il y a une troisième approche : c’est l’optique des revenus du calcul du PIB. Si chaque bien ou service doit être acheté, cet achat doit nécessairement correspondre à un revenu. C’est la contrainte budgétaire où l’on ne peut dépenser plus que son revenu. De plus, les revenus sont payés par les producteurs. Le revenu de la production est donc distribué aux trois facteurs de production : travail, capital et consommations intermédiaires (qui ont nécessité du travail et du capital). Selon l'optique des revenus, la VAB est distribuée de la manière suivante :

VAB (aux prix de base) = Rémunération des salariés + EBE + Revenu mixte

 

où :

 

EBE = VAB – Rémunération des salariés – Autres impôts sur la production + subventions à la production

où EBE signifie Excédent brut d'exploitation [Gross operating surplus] .

Le revenu mixte [Gross mixed Income] est calculé de manière identique mais concerne les entreprises sans personnalité juridique (ex. les indépendants).

 

Le PIB selon l’optique des revenus se calcule de la manière suivante :

PIB (aux prix d’acquisition) = VAB (aux prix de base) + Impôts sur les B&S – Subventions sur les B&S

 

où la VAB est calculé à partir des revenus.

 

Comme les tableaux ressources-emplois constituent un système fermé (circuit économique), le calcul du PIB selon les trois optiques doit nécessairement conduire au même résultat. En termes macroéconomiques, l’égalité entre ces trois optiques se traduit par l’identité comptable suivante :

Production
= Revenus
= Dépenses finales

 

 

En résumé, voici les trois optiques :

 

PIB selon l’optique de la production

 

Produit intérieur brut selon l’optique de la production (aux prix d’acquisition) = Production (aux prix de base) - Consommation intermédiaire (aux prix d’acquisition)

= Valeur ajoutée (aux prix de base) + Impôts moins les subventions sur les produits

 
 

PIB selon l’optique des dépenses

 

Produit intérieur brut selon l’optique des dépenses (aux prix d’acquisition) = Dépenses de consommation + Formation brute de capital + Exportations - Importations

 
 

PIB selon l’optique des revenus

 

Produit intérieur brut selon l’optique des revenus (aux prix d'acquisition) = Rémunération des salariés + Autres impôts moins subventions sur la production + Excédent brut d’exploitation / revenu mixte brut  = Valeur ajoutée brute (aux prix de base) + Impôts moins subventions sur les produits

 

 

 

3.3 PIB, PIN et RNB

Le produit intérieur net (PIN) [Net domestic product] se déduit du PIB :

PIN = PIB – Consommation de capital fixe

Au cours du processus de production une partie du capital fixe s’use ou devient obsolète. Le PIB ne tient pas compte de la perte de valeur des actifs qui constitue le capital productif. Il convient dès lors de soustraire au PIB la consommation de ce capital fixe pour obtenir une valeur plus pertinente de ce qui a été produit au cours de la période donnée.

 

Néanmoins, le PIN est peu utilisé pour deux raisons. La première concerne le manque de précision du calcul de cette consommation de capital fixe et les différences de méthodes de calcul entre les pays. La deuxième raison est que les différences entre PIB et PIN sont faibles et n’altèrent pas les comparaisons internationales et le calcul de la croissance.

 

On distingue également le produit intérieur brut (PIB) du revenu national brut (RNB) [Gross National Income (GNI)] que l'on appelait autrefois le produit national brut (PNB):

RNB  = PIB + ( revenus des facteurs du travail et du capital en provenance de l'extérieur - revenus des facteurs du   capital et du travail versés à l'extérieur )

Pour la majorité des pays, la valeur du PIB est proche de celle du RNB. Mais pour des petits pays très ouverts sur l'extérieur (ex: le Luxembourg ou l'Irlande), la valeur des flux de revenus des facteurs vers et en provenance de l'étranger peut représenter un fort pourcentage du RNB. Dans ce cas, il est préférable d'utiliser le concept de RNB.

 

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